L’EXIGENCE DE L’APPROPRIATION DU DEVELOPPEMENT PARTICIPATIF PAR LES POPULATIONS

Une quarantaine de leaders associatifs de la ville de Douala étaient présents au siège du CODAS Caritas Douala le vendredi 24 juillet 2020. Ces leaders issus de 5 quartiers populaires de 5 arrondissements du département du Wouri étaient invités à prendre part à un atelier d’échanges sur la problématique du développement participatif.

L’atelier d’échanges sur le réaménagement participatif intervient dans le cadre des activités du Projet de protection et de promotion du droit au logement décent par l’amélioration des quartiers populaires (Projet AQP) mis en œuvre par le CODAS Caritas Douala. Avant la présentation de leurs initiatives au sein de leurs quartiers respectifs, ces leaders ont été imprégnés sur le contexte de l’habitat au Cameroun de façon globale, les enjeux et les défis du développement participatif et la compréhension de certaines approches utilisées pour résoudre les problèmes au sein des quartiers populaires.

En effet, selon le Recensement général de la population (RGPH) de 2010, la population camerounaise est estimée à près 19.406.100 habitants. Sur cette population, 10.091.172 habitants vivent en zone urbaine et 50% d’entre eux se retrouvent dans les bidonvilles. Dans la même dynamique, le Profil urbain national révèle que le taux d’accroissement annuel des quartiers informels est de 5,5%. Ces chiffres sont assez évocateurs et conforte le CODAS Caritas Douala dans son engagement en faveur du développement des quartiers populaires et la déconstruction de la perception négative et discriminatoire à laquelle ces quartiers sont confrontés. La multiplication des ateliers avec différents corps de la société, l’organisation du Salon Villes et Toits du Cameroun ou encore le déploiement des organisateurs communautaires sur le terrain pour amener les populations à se structurer et à s’organiser aux fins d’identifier et adresser leurs problèmes, sont autant de leviers sur lesquels le CODAS Caritas s’appuie.

Optimiser la participation des populations dans l’amélioration de leur cadre de vie

Le but de la rencontre du vendredi, 24 Juillet 2020, était aussi de faire savoir à ces leaders que les actions qu’ils mènent au quotidien pour améliorer l’état de leur quartier s’intègre dans une démarche participative au développement local. En effet, le Développement participatif désigne un ensemble d’approches et de techniques qui ont en commun, de valoriser l’implication des populations à l’élaboration et à la mise en œuvre des plans et des programmes de développement conçus en leur nom et qui tiennent compte de leurs besoins réels. A ce titre, on distingue deux démarches notamment l’approche Top-Down et l’approche Bottom-up.

L’approche Top-Down implique pour les populations à : Contribuer à l’identification des problèmes et à l’expression des besoins locaux ; Défendre les intérêts au cas où les droits des locaux sont bafoués ; Choisir les projets et influencer leurs mises en œuvre.  En ce qui concerne l’approche Bottom-up ; il s’agit pour les populations d’être force de proposition des projets de développement, de formuler et de défendre les projets auprès des autorités compétentes, enfin d’initier et de réaliser les projets en toutes autonomie.

Dans un cas comme dans l’autre, les populations doivent pour répondre efficacement aux exigences de développement participatif :

• Se constituer en association légales et dynamiques ;
• Disposer d’une capacité de gestion autonome ;
• Se doter de compétences clés en leadership associatif, en technique de gestion des équipements et ressources communautaires, en technique de surveillance et d’entretien des infrastructures et équipements communautaires.

ASSOCIER LES POPULATIONS A L’ELABORATION DES PLANS DE REAMENAGEMENT

Ce n’est que dans ces conditions qu’ils peuvent véritablement contribuer à donner un visage amélioré à leur cadre de vie généralement constitué de façon aléatoires. Ainsi, les quartiers sous-structurés et sous équipés se distinguent par leur niveau de structuration et d’équipement insuffisants. Tandis que les quartiers à l’habitat spontané se singularisent par un défaut de planification et de programmation des installations. Contrairement aux multiples appellations aux relents discriminatoires, le CODAS  Caritas Douala dans sa démarche privilégie l’appellation de quartier populaire (QP). Pour l’organisation, l’Homme qui habite ce quartier doit être privilégié au détriment des insuffisances dont-il est contraint de faire face au quotidien contre sa volonté.

Compte tenu de leurs insuffisances, les quartiers populaires sont très souvent confrontés à des actions visant le rajustement de leur espace par l’Etat pour les permettre de se conformer aux normes urbaines. On distingue à cet effet une diversité d’actions notamment l’Aménagement et le Réaménagement, la restructuration urbaine, la Rénovation urbaine, l’Aménagement concerté, la Réhabilitation et les Projets d’amélioration du cadre de vie.

C’est cette dernière approche à savoir l’élaboration participative des projets d’amélioration du cadre de vie s’inscrivent dans la démarche du CODAS Caritas Douala. Contrairement aux autres approches, celles-ci privilégient l’amélioration du cadre de vie dans les quartiers populaires tout en évitant les évictions. C’est d’ailleurs dans cette perspective que sera lancé dans les prochains jours par le Projet ‘’AQP’’, l’élaboration participative des plans d’amélioration dans les cinq quartiers populaires couverts.

Cette rencontre visait aussi à préparer ces leaders à cet effet et davantage pour toutes les autres interventions  à venir. Car dans le principe, toutes les actions visant à résoudre les problèmes dans les quartiers populaires devraient requérir l’avis des populations bénéficiaires. Mais cela implique pour autant que ces dernières s’y intéressent et puissent disposer des arguments nécessaires pour influencer de façon concrète les dites actions dans le sens de leur développement effectif.